Des audiences en visioconférence dans les CRA: une justice de plus en plus virtuelle

Manifestation le samedi 24 avril à 14h30 devant l’Aire libre (à Saint-Jacques Aéroport)

Depuis février 2021, une salle de visioconférence est en construction dans le Centre de Rétention Administratif (CRA) de Rennes/Saint- Jacques-de-la-Lande. Cette salle en visioconférence est destinée aux audiences devant un Juge des Libertés et de la Détention qui décide du sort des étranger.ère.s menacé.es d’expulsion.

Des associations comme la Cimade dénonçaient ces vidéo-audiences qui avaient déjà lieu avant l’épidémie de COVID 19 et le confinement. A la faveur de la crise sanitaire, ces visioconférences se sont généralisées dans les CRA de France. Le ministère de l’intérieur semble encourager la construction de ces salles de visioconférence : une salle visio existe déjà au CRA de Oissel, d’autres sont en construction à Toulouse et à Rennes. Ce qui devait rester exceptionnel va donc devenir la norme pour les personnes exilées.

La justice s’éloigne de plus en plus des justiciables, en particulier lorsque ceux.celles-ci sont étranger.ère.s.

Fait assez significatif: à Rennes, cette salle de visioconférence est construite  à l’intérieur du CRA. Un bâtiment du ministère de la Justice se retrouve à l’intérieur de l’enceinte d’un centre dépendant du ministère de l’intérieur. Tout un symbole ! La justice et l’accès au droit passe bien après la maîtrise et le gestion comptable de l’immigration.

Car ces vidéo-audiences posent d’innombrables questions. A priori, les avocats et les interprètes resteront au tribunal: comment garantir alors le respect des droits de la défense ? Quelle garantie de confidentialité des échanges avec l’avocat (surtout si l’exilé.e est seul.e sous l’unique surveillance de policier.es) ? Qu’adviendra-t-il si l’audience est interrompue par des problèmes techniques ? Selon une avocate interrogée par Infomigrants, au CRA du Mesnil-Amelot, situé à proximité de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, des audiences ont parfois lieu sans que les premier.ère.s concerné.es soient présent.es, même en « visio ».

Il est clair ici qu’il s’agit de ne plus s’embarrasser avec les droits des étrangers. D’une situation exceptionnelle, l’État met en place une justice d’exception, déshumanisante, expéditive et de plus en plus virtuelle.

Pour info: le Collectif inter-organisations de soutien aux personnes exilées de Rennes et le Collectif Sans-papiers 35 appellent à une manifestation le samedi 24 avril à 14h30 devant l’Aire libre (à Saint-Jacques Aéroport).